[1/ Les racines de la planification «à la française»]
~ Un héritage du conseil national de la résistance : projet de reconstruction et développement du pays, qui fait consensus entre différents mouvements politiques
~ Les grands principes : commissariat général au plan rattaché directement au premier ministre, commissions de modernisation incluant les partenaires sociaux, objectifs de niveaux de production dans 6 secteurs de base
~ « Le plan, c’est l’anti-hasard » selon Pierre Massé. Dans le cadre de l’économie de marché, orienter fortement le marché dans des secteurs stratégiques. Pas la même chose que la planification soviétique.
[2/ L’éclipse de la planification]
~ Les deux premiers plans (1947-1957) : plans d’équipements et d’investissement dans l’éducation et la formation. Objectif d’augmenter la productivité. Au même moment, les premiers cadres de régulation européens apparaissent.
~ 4e et 5e plans (années 1960 et 1970) : objectif de guider la croissance en lien avec une ouverture croissante, c’est le début de l’obsession de la compétitivité. L’aspect rééquilibrage territorial entre régions prend de l’importance.
~ Années 1970 : crises inflationnistes : hausse des salaires post 1968 + choc pétrolier. La compétitivité se dégrade. Comment faire des investissements publics massifs tout en tenant les équilibres macroéconomiques dans une économie mondialisée ?
~ Le néolibéralisme s’impose progressivement à partir de la deuxième moitié des années 1970, avec sa vision très restrictive du rôle de l’Etat. C’est au même moment que les premiers grands rapports sur la question écologique arrivent.
~ Avec les crises de 2008 et 2020, retour en grâce des logiques interventionnistes.
[3/ Repenser la planification dans un contexte de crise écologique]
~ Les grandes limites des approches écologiques libérales. Exemple : les taxes carbone, qui sont des incitations à produire et consommer différemment se heurtent aux inégalités sociales comme le montre le mouvement des gilets jaunes
~ Il faut donc penser plus globalement la transformation du tissu économique et social en diminuant les inégalités. Dans une société trop inégalitaire, il est très difficile de se mettre d’accord sur des objectifs partagés, ce qui est l’essence des logiques de planification.
~ Les rapports scientifiques sur le dérèglement climatique sont des éléments de consensus sur le diagnostic, qui doivent pousser à agir. Exemple au plan européen : le green new deal montre une volonté d’action commune malgré les insuffisances
~ La planification du 21e siècle doit être plus territoriale, avec des instances de débats citoyens, où des diagnostics doivent être partagés sur des territoires, pour impulser des actions adaptées aux réalités économiques locales. Exemple d’Acclima Terra, comité régional scientifique en Nouvelle Aquitaine.
~ Les conventions citoyennes sont des outils intéressants de débat et d’action, mais elles reposent sur un trop petit nombre de personnes. La mobilisation des partenaires sociaux, des corps intermédiaires, est indispensable.
~ Nécessité d’avoir des outils de financement dans les territoires, pour aider les acteurs économiques à investir dans les secteurs écologiques
[4/ Peut-on planifier dans une économie mondialisée ?]
~ L’Europe est un outil d’intervention public fort dans un cadre mondialisé. Certains projets vont dans le bon sens. Exemple : next generation EU (endettement commun suite à crise COVID)
~ Il faut casser les monopoles des géants de la tech, qui sont devenus de réels contre-pouvoirs aux actions des Etats et se positionnent dans des secteurs stratégiques de l’économie de demain
~ Climat politique mondial plus favorable à l’interventionnisme depuis Biden. De plus, une logique de concurrence vertueuse pourrait s’engager entre les Etats sur la question de la neutralité carbone.
~ La taxe carbone aux frontières de l’Europe est une piste prometteuse pour protéger nos industries nationales
~ Il faut créer des boucles de production-consommation locales, dans l’économie circulaire, stimulées par des monnaies locales.